Le cas particulier d'Amazon
Amazon n'est pas une pure entreprise d'entreposage au sens de la définition du SCIAN 4931. Cependant, aucun profil du secteur de l'entreposage ne serait complet sans une mention de l'entreprise, qui en est venue à dominer le discours sur l'entreposage et l’emploi, simplement en raison de l’envergure de son échelle, de sa croissance incroyable, de sa domination du marché et de son bilan catastrophique en matière de traitement des travailleuses et travailleurs.
Amazon est une société technologique multinationale basée aux États-Unis qui se concentre sur le commerce électronique, l’informatique en nuage, le streaming numérique et l'intelligence artificielle. La société a une capitalisation boursière de 1,73 trillion USD, et a généré un revenu de 386 milliards USD en 2020, en hausse de près de 38 % par rapport à l'année précédente. En 2020, Amazon a enregistré un bénéfice net de 21,33 milliards USD, soit une augmentation de 84 % par rapport à l'année précédente.
En ce qui concerne la présence de l'entreprise au Canada, elle affirme employer 23 000 travailleuses et travailleurs à temps plein et à temps partiel. Amazon affirme avoir investi plus de 11 milliards de dollars dans ce pays depuis 2010, notamment dans les infrastructures et la rémunération de ses employés.* En ce qui concerne les activités de commerce électronique et de vente au détail de l'entreprise, celle-ci comptait 13 centres de traitement des commandes, 15 centres de distribution et 2 centres de tri au Canada en 2020.
Le bilan de l'entreprise en tant que mauvais employeur pourrait remplir un document de travail à lui tout seul. Une récente étude californienne a examiné le modèle d'emploi « à fort taux de rotation » de l'entreprise, et a constaté que « les taux de rotation des travailleuses et travailleurs d'entrepôt augmentent jusqu'à 100 % lorsqu'Amazon arrive en ville ».**
La charge de travail incroyablement élevée et le rythme de travail rapide ont eu raison de la main-d'œuvre d'Amazon. Selon une enquête récente du Toronto Star :
Si le bilan d'Amazon en matière de blessures a fait l'objet d'une attention importante au sud de la frontière, son bilan au Canada est pire : l'année dernière, son taux de blessures était de 15 % supérieur à la moyenne américaine de l'entreprise. Dans les installations de la région de Toronto, le taux de blessures a plus que doublé depuis 2016.***
* « Amazon Canada Economic Impact Report ». Amazon. (2020). (tiré de https://chamber.ca/wp-content/uploads/2020/11/Amazon_CA_EconImpact_111620.pdf).
** Irene Tung et Deborah Berkowitz. « Amazon’s Disposable Workers: High Injury and Turnover Rates at Fulfillment Centers In California ». National Employment Law Project. (6 mars 2020). (tiré de https://www.nelp.org/publication/amazons-disposable-workers-high-injury-turnover-rates-fulfillment-centers-california/).
*** Sara Mojtehedzadeh. « Amazon warehouse workers in Canada saw injury rates double. Then COVID hit. Inside a hidden safety crisis. » Toronto Star. (10 décembre 2020).